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Ma mission n’est pas de parler du problème écologique mais d’y apporter des réponses

Comment réconcilier écologie, aventure et défi technologique? Interview du célèbre écoexplorateur neuchâtelois Raphaël Domjan.

Existe-t-il une journée type dans la vie d’un aventurier ?

Les journées sont variées et c’est valable pour toute l’équipe qui collabore avec moi. SolarStratos est une aventure commune. Je rencontre les sponsors, réponds aux interviews des médias et organise des séances comme tout entrepreneur.

Combien de personnes travaillent pour SolarStratos ?

Nous sommes une petite équipe de quinze personnes, dont sept salariés à plein temps. La polyvalence est de mise dans une PME. Nous avons un groupe plus administratif, qui comprend finance et marketing, et des ingénieurs en aéronautique.

Participez-vous personnellement au développement de l’avion ?

C’est un travail d’équipe. Je donne des idées, des conseils, partage mon ressenti mais je ne suis pas ingénieur en aéronautique. Juste ingénieur. C’est à eux de trouver des solutions technologiques à mes besoins.

Quelle est la prochaine étape ?

En avril, nous reprenons les essais et au second semestre nous tenterons de battre le record de l’avion solaire qui vole le plus haut. Actuellement, le record est détenu par Solar Impulse avec un vol à 9'400 mètres. Notre objectif est 10'000 mètres. Le premier vol en stratosphère est planifié en 2019 et le vol avec record absolu en 2020. Si tout se déroule bien, évidemment.

Est-ce difficile d’intéresser des sponsors alors que cette aventure, comme toute véritable aventure d’ailleurs, est incertaine ?

Devenir sponsor de SolarStratos c’est vouloir participer à une aventure humaine et technologique. Je ne triche jamais. Quand je parle avec un éventuel partenaire qui marque un intérêt pour notre projet, je ne luis garantis pas un résultat, mais un chemin. Je le dis à chaque fois « Je ne m’engage pas à réussir, mais à tout entreprendre pour réussir ». Je cherche une relation transparente avec des partenaires francs et sincères.

Quel est votre budget ?

Entre dix et douze millions. Ce n’est pas une somme facile à réunir. Mais je constate un changement de paradigme. Une évolution des mentalités s’est opérée. Médias et entreprises prennent au sérieux le solaire. Ils y voient une solution à nos problèmes climatiques.

Quel est votre moteur au quotidien ?

J’en ai plusieurs. Lors de mes précédentes explorations, j’ai pris conscience du changement climatique. Surtout quand j’étais dans les régions polaires. Et nous avons les connaissances et les outils pour développer des énergies renouvelables et créer de nombreux emplois ici, dans notre région. C’est véritablement un moteur pour moi. Une sorte de contribution à la communauté. À titre individuel, j’aime monter des projets et explorer les limites.

Avez-vous l’ambition de réconcilier écologie et rêve ?

Dans une certaine mesure, oui. Ma mission n’est pas de parler du problème écologique mais d’y apporter des réponses. De démontrer que nous pouvons avoir des ambitions avec l’énergie solaire. Et franchement, vous imaginez un monde sans pétrole, charbon ou gaz ? Plus de particules fines. Une aire de qualité. Presque plus de bruit…

Est-ce un avantage ou un inconvénient de vivre dans notre région ?

Quand on lance un projet, il faut d’abord travailler avec son réseau local. Ensuite, j’ajouterais que c’est l’endroit idéal, et ce pour deux raisons. Il y a d’abord le savoir-faire local. Le CSEM et l’EPFL par exemple. Ce n’est pas pour rien si de nombreux projets sont nés ici. Prenez PlanetSolar ou Solar Impulse, pour ne citer que les plus fameux. Enfin, en Suisse vous avez accès aux CEO et aux Conseillers d’Etat assez aisément. Nous sommes dans une société relativement ouverte.

Cela représente un gain de temps ?

Pas seulement. Accéder aux décideurs vous permet en effet d’aller plus vite. Mais nous vivons surtout dans un système où l’on juge votre projet. Pas la qualité de vos relations. Et je le répète, nous vivons dans une région qui a une énorme carte à jouer dans le solaire. Les compétences sont là. Nous devons juste les exploiter ! Vous verrez, l’avenir est prometteur.

 

Rapaë Domjan