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Nous sommes clairement au début d’une période de réajustement.

Nous inaugurons une série de 3 interviews avec des acteurs du secteur immobilier afin de mieux comprendre l'évolution actuelle de ce marché. Première rencontre avec Monsieur Pierre-André Defferrard, directeur de BD Gérance, un nouvel acteur immobilier actif dans plusieurs cantons romands.

Quel est votre parcours professionnel ?

Après 18 ans au sein de divers services de la Poste Suisse et 3 formations en cours d’emplois (Brevet Fédéral d’Organisateur, Brevet Fédéral de Gérant d’immeuble et Diplôme Fédéral de Régisseur et Courtier en Immeubles), j’ai été engagé en 2007 chez Foncia pour m’occuper du Canton de Fribourg et de la Ville de Bienne comme directeur-adjoint puis comme directeur. J’ai terminé mon activité au sein de Foncia qui est devenue Domicim en mai 2016 pour fonder ma propre société en septembre 2016. Cette dernière compte actuellement 20 collaborateurs.

Avec BD Gérance, sur quels marchés êtes-vous actif ?

Nous sommes basés à Fribourg et possédons une filiale à Bienne. Dans le cadre de nos activités immobilières, nous gérons des biens immobiliers dans les cantons de Fribourg, Berne, Vaud, Neuchâtel et le Valais.

Vous couvrez cinq cantons. La situation est-elle partout identique ?

Les grandes tendances sont similaires mais il existe des particularismes régionaux. Actuellement, il y a trop de biens immobiliers qui arrivent simultanément sur le marché de la location. L’offre excède la demande quasiment partout. Si vous visitez des nouvelles constructions, vous constaterez que de nombreux appartements sont vides. Il s’ensuit, logiquement, une pression sur les prix des locations. La Riviera vaudoise reste attractive même si nous y constatons un léger fléchissement. Si on parle de la Ville de Sierre ou de celle de Bulle par exemple, suite à un rythme de construction intensif, des appartements restent inoccupés et cela risque de prendre du temps pour que le marché digère tout ce qui a été mis et sera encore mis en location prochainement.

Comment expliquer cet excédent de l’offre immobilière ?

Différents facteurs expliquent cette conjoncture. Il y a d’abord les taux hypothécaires qui sont très attractifs pour les particuliers. Les promoteurs ont voulu répondre à cette demande et beaucoup de constructions ont été lancées. Et n’oublions pas la décision de la BNS. Les taux d’intérêt négatifs ont poussé les fonds institutionnels ou les grandes fortunes à investir leur argent. À mon sens, avec l’attrait de la bourse qui diminue pour bon nombre d’acteurs, nous avons là les principales explications de l’excès de l’offre.

Comment réagissent les différents acteurs ?

Les banques sont conscientes du problème. Elles sont devenues plus frileuses dans leurs prêts. Le milieu de la construction ressent ce ralentissement. Des regroupements d’entreprises dans ce secteur devraient s’opérer ces prochaines années. Et enfin les locataires font pression sur les prix. Nous sommes clairement au début d’une période de réajustement.

Les locataires négocient les prix ?

Oui. Cela s’effectue naturellement. Quand vous visitez un nouvel immeuble et que vous constatez que la plupart des stores sont en bas, vous en profitez. J’ajouterais que la pression sur les prix dans l’immobilier date aussi de la création des plateformes web de comparaison des prix location. Les futurs locataires ont pris l’habitude de comparer les prix avec un simple clic. Les propriétaires ont vite compris que mettre un bien sur le marché à CHF 1'990.- est tactiquement plus porteur qu’à CHF 2'100 au niveau des fourchettes de recherche.

Quelles sont les perspectives pour les cinq prochaines années ?

La tendance au niveau des loyers ou des prix de vente va certainement continuer à  s’inverser ; non seulement ils n’augmenteront plus mais ils vont même quelque peu baisser. Les grands acteurs finançant leurs bien en totalité par des fonds propres pourront supporter cette inversion de tendance sans grands soucis. Par contre, pour les petits investisseurs ayant payé leurs objets trop cher, obnubilés qu’ils étaient par le coût de l’argent extrêmement faible, et ayant sous-estimé les travaux de rénovation obligatoires pour au moins maintenir le niveau des loyers, certains lendemains pourraient s’avérer pénibles.

 

 

Les évolutions actuelles du secteur immobilier