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Louer des appartements que vous n’avez vu qu’en photo nous semble incongru dans le contexte actuel.

Dernière interview de notre série consacrée à l'évolution actuelle du marché immobilier. Xavier Amor, directeur chez Petignat & Amor, s'exprime en toute liberté sur la situation des cantons de Vaud et du Valais.

Pourquoi avoir fondé votre régie immobilière Petignat & Amor ?

Avec mon associé, Benoît Petignat, nous avons décidé de créer une agence immobilière orientée vers la clientèle privée. Notre volonté ? Mettre à disposition des outils de gestion professionnels et personnalisés, souvent réservés aux groupes institutionnels, pour les propriétaires privés. Nous établissons, en collaboration, les budgets, les plans d’investissements et nous les accompagnons sur le long terme avec une gestion à 360°. Il s’agit notamment, pour nous, d’allier des méthodes de gestion et des processus professionnels avec une relation de proximité et de la transparence.  Nous cherchons à développer une vrai relation de confiance avec nos clients.

Cette clientèle privée est habituellement négligée ?

Disons que dans une grande régie qui gère plusieurs milliers de biens, les privés interagissent avec beaucoup d’interlocuteurs et peuvent parfois se sentir perdus ou délaissés. Notre engagement, chez Petignat & Amor, c’est un responsable qui maîtrise l’entier du dossier et qui connaît physiquement les biens.

« Physiquement », cela signifie visités par votre responsable ?

Oui, pour nous c’est fondamental. Louer des appartements que vous n’avez vu qu’en photo nous semble incongru dans le contexte actuel. Il est, à nos yeux, indispensable de connaître parfaitement les objets que nous gérons afin de les valoriser au mieux et faire preuve de proactivité. Le fait d’être installés à Vevey représente un atout pour nous car ceci nous permets d’être à proximité des biens que nous gérons tant sur les cantons de Vaud, Valais que Fribourg. J’ajouterais que pour comprendre son marché, il ne suffit pas de lire des rapports d’experts. C’est utile, certes. Mais il faut également être présent sur le terrain pour le ressentir et être au cœur des évolutions.

Vous êtes principalement actifs dans les cantons de Vaud et du Valais. Comment se comporte le marché immobilier dans ces deux espaces ?

La tendance générale est claire : il y a de plus en plus d’appartements vacants et cela provient principalement du nombre important de constructions de ces dernières années. Il existe toutefois des différences par région. Depuis 2010, les prix des appartements hauts de gamme de la Riviera ont baissé, jusqu’à prêt de 20% dans certains cas. La raison principale ? Les multinationales ont diminué les budgets alloués aux logements de leurs expatriés. Ensuite, l’initiative populaire de 2014 « contre l’immigration de masse » à probablement mis un frein au développement démographique induit par l’arrivée de populations étrangères. La demande a donc largement fléchi dans ce secteur du marché. En ce qui concerne des régions comme le Gros-de-Vaud, l’offre exponentielle de ces dernières années est en train de gentiment dépasser la demande. Aussi, on observe, après plusieurs années de hausse, une légère baisse des prix des loyers. Globalement, après une décennie d’euphorie (2000-2010), l’atterrissage ce fait relativement en douceur sur le canton de Vaud.

Et le canton du Valais ?

Devant la menace de la LAT et de la Lex Weber ainsi qu’avec l’arrivée des acteurs institutionnels, les promoteurs ont intensifié leurs constructions. Résultat, il y a trop d’appartements sur le marché.

Suite à ce constat, vous pensez que le marché immobilier sera au point mort dans un avenir proche ?

Non. Je nuancerais le propos. Des projets développés avec intelligence pour un public précis trouvent acquéreurs. Prenons un exemple. Nous sommes sur le point de finir la construction d'une douzaine d'appartements près de Martigny et tous les appartements sont déjà loués. Pourquoi ? Nous avons pu œuvrer main dans la main avec le propriétaire, le promoteur et le constructeur. Ceci nous a permis d’intégrer les enjeux de la commercialisation dès le départ, au même titre que les éléments architecturaux. Nous avons cherché à définir un « public cible » et ses besoins, pour ensuite lui proposer des appartements correspondants à ses attentes et à des prix attractifs. C’est une approche plus marketing et elle s’avère payante dans le contexte plus tendu du marché valaisan actuel.

Quelles sont les perspectives pour ces prochaines années ?

Il est toujours difficile de prévoir l’avenir. De nombreux critères entrent en jeu. Je dirais simplement que le canton de Vaud va terminer, en douceur, son atterrissage. Le marché se stabilise avec des prix légèrement inférieurs à ceux d’aujourd’hui. Je suis en revanche plus inquiet pour le Valais. Outre le surplus d’appartements, la cohabitation d’investisseurs privés et d’acteurs institutionnels rend le marché déséquilibré. Les privés ont besoin d’atteindre rapidement un seuil de rentabilité. Ils baissent donc les prix. Les institutionnels, quant à eux, n’ont pas besoin de rentrée rapide de liquidités. Alors ils conservent des locations élevées compensées par des mois gratuits. À terme, c’est dangereux. Les investisseurs privés auront-ils la capacité financière de tenir si leurs appartements restent vacants ? Et les locataires, signeront-ils des baux qui les engagent sur le long terme avec des loyers souvent élevés pour leurs moyens financiers ?

Interview de Xavier Amor